Mathilde et Elveus

Elveus était sortie dans le parc intérieur, où un vent soufflait légèrement comme à chaque endroit où elle se trouvait. Elle marcha quelques minutes, profitant du vent frais qui lui caressait le visage et de l'air libre qu'elle était venue chercher en sortnt de sa chambre. Elle respira un grand coup, emplissant ses poumons de cet air qui lui manquait tant depuis qu'elle passait ses journées enfermée dans sa chambre. Elle y avait toujours été habituée dans le couvent où elle avait grandi, et en général elle avait gardé les habitudes qu'elle y avait prises. Mais ce besoin d'air frais lui était venu à peine eut-elle quitté le couvent, et elle ne l'avait jamais perdu, et elle éprouvait chaque jour le besoin de sortir, même dans la plus violente tempête.
Elle vit une jeune fille assise seule sur un banc, et se dit que c'était là une bonne occasion pour se faire un peu de connaissance. En effet elle était à Tara depuis pas mal de temps déjà mais ne connaissait que très peu de monde, de nature trop timide et trop réservée pour approcher les gens. Elle s'approcha donc du banc où était assise la jeune fille, mais sa timidité repritle dessus et elle n'osa dire un mot ; elle s'assit donc simplement, espérant que l'autre fille serait un peu moins coincée qu'elle.

Mathilde laissa la jeune fille s'asseoir à coté d'elle, espérant que cela lui donnerai l'occasion de se faire une nouvelle amie. Après l'avoir examinée dans les moindres détails, de sa coiffure à la jolie couleur de ses yeux, elle décida de prendre la parole car celle ci ne disait rien:

Salut! Moi c'est Mathilde et toi?

Elle lui tendit sa main en lui adressant un grand sourire espiègle. Ses yeux bleus pétillaient de malice en regardant cette jeune fille timide. Mathilde essaya pendant ces quelques courts instants de deviner quel élément elle maîtrisait.

Elveus sourti poliment, comme à son habitude, heureuse que la jeune fille ait pris l'initiative de parler en première. Elle n'avait pas l'air aussi coincée qu'elle, et une lueur de malice brillait dans ses grands yeux bleu-verts. Elle répéta sa sempiternelle phrase rituelle, avec laquelle elle s'était toujours présentée.

-Elveus McEwill, à votre service !

Elle serra la main qu'on lui tendait,maladroitement, pas habituée à ce genre de pratique. Elle se posa soudain la question qu'elle posait en ce moment et qui devait en étonner plus d'un, mais c'était quelque chose d'important pour elle, et sans qu'elle ne le voulut c'était un des critères d'après lesquels elle jugeaitles gens, tout en essayant de ne pas se fier aux préjugés.

-Dites-moi si je suis indiscrète... Êtes-vous gauchère ou droitière ?

Mathilde sourit de nouveau à la question de son interlocutrice. Puis elle dit après avoir réffléchit un instant:

Personnellement, je ne trouve pas ta question indiscrète. C'est juste un peu érange que ce soit la première question que tu me pose. Je suis gauchère.

...finit elle avec un sourire amer. Depuis sa naissance, être gauchère ne lui avait en rien servi, mis à part recevoir de la part de ses camarades des railleries qui la blessait. Elle demanda ensuite pour ne pas laisser la conversation sur un point mort:

Et...toi?

Elle prit son air d'interessée polie, ce qu'elle ne faisait que pour plaire aux gens. Elle était certainement interessée par toute les questions qu'elle posait mais pas très polie. Juste à la limite.

Elveus sourit de toutes ses dents, sincèrement cette fois, pas seulement par souci de politesse. Une gauchère... Elle n'en avait jamais rencontrée auparavant. A part elle.

-Moi aussi... Je suis gauchère.

Elle baissa soudain les yeux, prise d'une lourde vague de chagrin. Cette particularité d'être gauchère lui avait valu beaucoup de problèmes au couvent où elle résidait... Pour les soeurs, la main gauche était la main du Diable, le côté de l'Enfer, et Elveus avait failli ne pas être acceptée en leur compagnie du fait de cette manie. Mais elle y était finalement entrée, mais avait dû subir de nombreuses épreuves ; sa main gauche avait été à plusieurs fois mutilée et elle avait dû recopier des dizaines, des centaines de versets entiers de la Bible avec sa main droite, tâche dont elle sortait avec des crampes et des migraines à en faire abandonner plus d'un. Mais Elveus avait tenu bon, dans la pieuse croyance qui l'habitait, et s'était toujours maudite de ne pas être née comme la plupart des gens. Mais sa propre haine était passée avec le temps et le recul, et à présent elle ne faisait que déplorer les quelques cicatrices qui persistaient sous formes de traces blanchâtres sur sa main.
Elle essaya de parler pour rompre le silence qui lui était douloureux, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Alors, encore une fois, elle ne parla pas, se complaisant dans le silence et le chant des oiseaux qui coulaient à ses oreilles en une mélodie délicieuse.

Mathilde sourit quand elle apprit qu'Elveus était gauchère. Enfin quelqu'un comme elle. Elle questionna car elle n'avait toujours pas trouvé le pouvoir que maîtrisait la jeune fille:

Et toi tu es élue de quoi? Moi c'est la terre.

Mathilde était fière de son pouvoirs et comme pour prouver ses paroles, elle tendit main vers le rosier qui se trouvait devant elles et le fit grandir d'un seul coup.

Elveus essaya de ne pas avoir l'air surprise de la question de Mathilde. Elle connaissait depuis peu l'existence de pouvoirs magique à Tara, et avait appris qu'elle aussi en possédait, mais elle était à chaque fois plus étonnée d'en entendre parler aussi impunément.

-Moi, je contrôle l'air. Enfin, contrôler n'est pas vraiment le mot... Disons que j'ai le Don de l'air.

Elle regarda avec des yeux ronds comme des billes le rosier qui venait de pousser à une vitesse surprenante. Comme pour vérifier l'authenticité de ce qu'elle avait vu, elle toucha le rosier du bout des doigts, et son doigt s'approcha trop près d'une épine et une petite goutte de sang se forma à l'endroit de la plaie. Elle retira sa main et mis distraitement le doigt dans sa bouche, goûtant avec délice au goût métalisé du sang.

-La terre... C'est un bien beau don.

Quand Elveus lui répondit, Mathilde n'en fut pas très surprise. Cette fille n'était pas assez sombre pour maîtriser l'ombre, ne semblait pas assez violente et rebelle pour la foudre et elle ne dégageait pas la même chaleur que Natsumi qui maîtrisait la lumière. De plus elle avait eut l'air trop étonnée de voir le rosier pousser ainsi pour maîtriser la terre. Il ne restait plus que l'air et l'eau. Mathilde la complimenta:

C'est aussi un don génial de maîtriser l'air tu sais! Et puis ça te vas bien je trouve. Tu émane un sentiment de pureté que je n'avais jamais rencontré!

Mathilde n'avait pas peur de dire ce qu'elle pensait vraiment. A l'avait appris à le faire depuis sa plus tendre enfance et ne regrettait jamais ce qu'elle disait. Après tout, elle ne mentait pas!

Elveus sourit, heureuse que son pouvoir plaise à quelqu'un d'autre qu'elle. Bien sûr, elle ne l'avait jamais expérimenté en lui-même, mais aimait l'air, le vent et tout ce qui s'y rapprochait plus ou moins.
Elle rougit légèrement en entendant l'évocation de la pureté et baissa la tête, regardant ses mains d'un air gêné, presque honteux.

-Vous savez... Les gens sont rarement aussi purs qu'ils en ont l'air...

Elle ne leva pas la tête, pourtant curieuse de la réaction de Mathilde. Pourtant elle ne se sentait pas le courage d'affronter son regard qu'elle savait - ou qu'elle pensait - critique.

En entendant Elveus la vouvoyer, Mathilde se retint de peu de pouffer de rire. Mais elle ne le fit pas par respect. Elveus avait l'air tellement timide et génée que Mathilde voulut plus la rassurer qu'autre chose. Elle prit sa voix la plus douce pour dire:

Tu sais, tu n'es pas obligée de me vouvoyer. Après tout, tu n'as pas l'air plus jeune que moi et même, je m'en fous, si tu étais plus jeune, je... je préfère que tu me tutoie!

Elle esquissa un sourire qui se voulait rassurant mais qui devait plus ressemblait à une grimace. Mathilde n'avait pas souvent aut l'occasion d'être rassurante, alors elle n'était pas très habituée. Pour dévellopper la conversation, elle proposa:

Ça te dit qu'on marche un petit peu?

* Je préfère!*

Elveus se leva, prête à marcher. Après tout, pourquoi pas ?

-Bien sûr, si vous voulez !

Elle commença la ballade, marchant sur les chemins de terre remplis de flaques du parc.

-Vous voyez, je vouvoie tout le monde. Je ne sais pas... C'est ainsi qu'on m'a toujours appris les choses.

En effet on lui avait toujours enseigné le respect de tous ses supérieurs, et étant la plus jeune soeur de son couvent elle s'était habituée à vouvoyer tout le monde, et de fait à se sentir inférieure à la plupart, pour ne pas dire tous. Mais cela lui allait, elle avait foré sa vie entière sur ce genre de principes et avait à tout pris évité tout changement, même quand ça semblait s'imposer, car elle tenait à ce genre de repères comme à la rose qu'elle avait toujours dans la main.

Mathilde marchait à coté de Elveus, entre les belle fleur du parc. Quand Elveus lui apprit qu'elle vouvoyait tout le monde, Mathilde fit une mou écoeurée. Elle n'avait pas l'habitude de tels principes et ne vouvoyait que les adultes. Elle répondit:

Bah...écoute, si tu veux, tu peux me vouvoyer. Mais alors excuse moi si je ne le fais pas!

Ayant le sentiment d'avoir été un peu trop brusque, elle baissa les yeux vers ses pieds. Pendant quelques minutes elle regarda sa démarche étrange, celle qu'on tous les humains, celle de mettre un pied devant l'autre. Elle essaya de changer de démarche en mettant ses pieds l'un à coté de l'autre mais finit par trébucher. Elle se rattrapa à temps.

Elveus ne fut pas surprise de cette réaction ; à vrai dire c'était comme ça qu'elle préférait les choses, chaque personne à sa place respective, le tutoiement et le vouvoiment bien placés selon l'ordre des choses. Tout aurait dû être aussi simple que ça...

-Oui, je préfère même que vous ne le fassiez pas...

Elle se concentra un instant sur un arbre, aux branches nues et décharnées. Elle suivit des yeux les longues ramures, sautant de branche en branche, s'imaginant aussi libre de mouvement qu'un écureuil dans un arbre. Elle s'arrêta sur un nid, vide, qui prônait fièrement dans les branches, seule épaisseur visible au milieu des branches filiformes. Un instant elle pensa à ce nid, aux oiseau qui l'avaient occupé, aux oisillons et à ce qu'ils devaient être maintenant... Peut-être étaient-ils en train de voleter tranquillement dans les airs,libres eux aussi ? Ou peut-être leurs os gisaient-ils, blancs et minuscules, au pied de ce tronc imposant, à cause de leur impatience à voler ? Elveus eut un frisson à cette pensée et se promit de ne plus avoir aucune pensée aussi malsaine, et essaya de concentrer son attention sur les fleurs au milieu desquelles elle marchait. Mais il n'y avait rien à faire, ses pensées revenaient inlassablement à un petit corps rose, à la grosse tête et aux petites ailes dépluméees, couvert de fourmis et petit à petit rendu à la nature...

Mathilde fut heureuse de la réponse d'Elveus. Elle ouvrit la bouche, prit une grande inspiration, puis se stoppa net. Qu'allait elle dire? Finalement, elle recommença le même manège pour dire avec un air on ne peut plus sincère:

Super!

Mathilde était tellement contente que pendant trois pas elle sautilla. Mais cette scène, celle où elle sautillait près d'Elveus tandis que cette dernière marchait les yeux baissés vers les par-terres de fleurs lui sembla si familière, comme si elle l'avait déjà vécu, une fois, voire plusieurs autres fois. Cela la perturba tellement qu'elle ne put s'empécher de questionner:

Est ce que ça t'es déjà arrivé de vivre une scène que...que tu penses avoir déjà vécu? Enfin, je veux dire, quand tu la vis tu te dis: mais oui! Mais j'connais cette scène!

Ce phénomène qui s'était déjà produit plusieurs fois sur Mathilde était trop étrange pour qu'elle puisse l'ignorer.

Elveus réfléchit quelques minutes à la question de Mathilde. Elle n'avait jamais réfléchi à la question, et en déduisait donc qu'elle n'avait jamais ressenti ce sentiment... Mais elle ne comprenait pas comment ça pouvait être possible d'avoir l'impression de revivre une scène. Les choses ne se passaient qu'une seule fois, d'après elle, comme Dieu l'avait décidé. Sa foi disproportionnée l'aveuglait un peu, mais elle ne voyait pas comment il aurait pu en être autrement.

-Non... Jamais, je ne pense pas. Pourquoi ?

Mathilde regardait par terre et réfléchit un long moment à ce qu'elle allait répondre à Elveus. Quoi qu'il en soit, elle devait bien formuler sa phrase. Finalement elle dit avec un air peu convaincu:

Eh...bien, cela m'arrive parfois. C'est bizarre comme sensation. Par forcément très agréable...

Mathilde regarda Elveus mais celle ci ne sembla pas ciller. Alors elle décida de trouver une question pour ne pas bloquer la situation. Elle remarqua qu'Elveus n'était pas très bavarde et lui fit remarquer avec un sourire:

Tu n'es pas très bavarde!

Elveus regarda ses pieds d'un air gêné. Ah bon, elle n'était pas assez bavarde ? Elle devait donc être une désagréable compagnie... Mais si elle ne parlait pas beaucoup, c'était qu'elle préférait laisser la parole, plus apte à écouter qu'à parler. Et elle n'aimait pas parler d'elle... Ca la rendait tout simplement mal à l'aise, comme beaucoup de choses d'ailleurs.

-Excusez-moi... C'est que je n'ai rien à dire.

Mais elle se rendit compte que ça n'allait pas arranger les choses de dire tout simplement ça. On lui disait qu'elle ne parlait pas assez, et tout ce qu'elle trouvait à dire c'est qu'elle n'avait rien à dire. Si elle voulait s'adapter à ce nouveau monde, il fallait aussi qu'elle prenne de nouvelles habitudes.

-C'est que j'ai été élevée comme ça. Vous savez... Dans un couvent. On m'y a toujours enseigné de laisser la parole.

Mathilde regarda longuement Elveus.

* Aussi calme que des soeurs. Aussi polie que des soeurs. La pauvre!*

Mathilde qui était de nature à bouger, courir partout, camper le soir à la belle étoile, n'aurait jamais supporté d'être élevée dans un couvent. Aussi peut être qu'Elveus n'avait pas eut le choix. Alors Mathilde répondit de la façon la plus rassurante qu'elle put:

Alors garde les bonnes manières que tu as apprises. Les gens comme toi, ça cours pas les rues!

Elveus eut un sourire gêné, toujours pas habituée à ce que la conversation tourne autour d'elle.

-Merce beaucoup... C'est vrai que j'ai remarqué que les gens sont bien différent de ce que j'imaginais lorsque j'habitais au couvent... Enfin, pour la plupart.

Elle ne savait pas vraiment exprimer sa pensée ; les gens étaient différents, en effet, mais elle n'aurait pas su dire si c'était en bien ou en mal. Différent, tout simplement, avec d'autres qualités et d'autres défauts.

*C'est elle qui est différente!*

...pensa Mathilde pas méchament. Après avoir longuement regardé Elveus, Mathilde remarqua que celle ci était mal à l'aise alors Mathilde, pensant la rassurer questionna:

Tu aimes bien ici? Tiens, au fait, j'ai fait connaissance avec Natsumi et elle te connait. Ou plutôt tu la connais je crois. Elle est très gentille je trouve!

Mathilde avait largement fait dévier le sujet et espérait que cela satisferait Elveus.

Elveus fut rassurée que Mathilde change de conversation ; elle avait deviné juste, cette conversation la mettait mal à l'aise et elle préférait largement parler d'autre chose.

-Oui, j'aime beaucoup être à Tara... Ici les gens sont si sympathiques !

Elle sourit à la pensée qu'elle avait rencontré Natsumi. C'était une des rares personnes à Tara qu'elle connaissait assez pour pouvoir la considérer comme son amie.

-Oui, nous nous connaissons... Elle est très gentille, c'est aussi ma colocataire. A propos, avez-vous une chambre ?

Oui j'en ai une! Mais je n'ai pas encore eut le loisir de discuter avec ma colocataire...

* Dommage!*

Mathilde regarda au sol. Puis elle questionna, en repensant à l'aventure que Ntasumi, Vect et elle avaient vécus dans les souterrains:

Es tu déjà allée dans les souterrains secrets?

[b] Désolée, je manquais encore d'inspiration! ^^)

-Je ne savais même pas qu'il y avait des souterrains !

Elveus réfléchit un instant, cherchaant dans sa mémoire si elle avait déjà vu ou entendu parler de souterrains. Mais elle ne sortait pas beaucoup, et elle ne connaissait que très peu Tara.

-Pourquoi, vous y êtes déjà allée ?

Mathilde adressa un grand sourire à Elveus et répondit:

Oui bien sûr!

Puis Mathilde réfléchit. Est ce qu'elle devait raconter la découverte qu'elles avaient faite avec natsumi et Vect dans les souterrains. Elle estima que oui. Après tout, Elveus était amie avec Natsumi et elle aimait Vect. Alors Mathilde raconta:

On y a découvert une salle d'entrainement secrete dedans, Natsumi, Vect et moi...mais n'en parle à personne pour le moment!