Arrivée calme et mélancolique

Elveus regarda la valise qui flottait tout près d'elle dans les airs, n'osant pas croire que ce qu'elle voyait était vrai.

°°Ca y est, je suis folle...°°

Elle approcha doucement la main de la valise, espérant ainsi dissoudre cette hallucination qui ne pouvait qu'être imaginaire. Mais quand sa main toucha la valise, elle sentit avec déception le contact rugueux et froid contre ses doigts ; elle s'empressa de retirer sa main, comme ayant touché quelque chose qui lui aurait brûlé les doigts ou un objet sacré qu'il aurait été interdit de toucher. Elle regarda Zéphyr d'un air interrogateur : comment cela était-il possible? Peut-être était-il un élu de la parole divine? Elle espérait que ces questions paraîtraient dans son simple regard, mais n'osait pas formuler ouvertement les doutes qui ravageaient son esprit, craignant ainsi d'avoir l'air ridicule.

Zéphyr remarqua son étonnement à le voir utiliser l'air, et compris enfin: elle ne savait surement pas contrôler son élément. Pourtant, il sentait bien qu'elle était une élue de l'air. Peut être se trompait-il? ça pouvait arriver à tout le monde, mais quand même, être impressionné par la magie à Tara, là ou elle était présente un peu partout, il fallait vraiment ne rien savoir sur ce lieu. Il continua quand même à lui parler

Tu ne sais pas utiliser l'air c'est ça? Mais, peux tu me dire pourquoi tu es ici, à Tara? Ne sois pas étoné et n'ai pas peur, je suis aussi normal que toutes les personnes de cette académie.

Il essayait de la rassurer, de la familiariser avec lui, pour qu'elle se sente enfin plus à l'aise.

Elveus tenta de cacher son étonnement, mais sans grand succès. Elle regarda à tour de rôle Zéphyr, puis la valise, sans pour autant se faire une raison. Quand enfin elle se rendit compte qu'elle était sensée répondre, elle se ressaisit et pronnonça avec une voix faussement détachée :

-Excusez-moi... Je ne comprend strictement rien à tout cela. Comment faites-vous voler cette valise?

Elle marqua un temps de pause, comme pour réfléchir aux mots qu'elle venait de pronnoncer. Il lui était inconcevable que le mot "voler" puisse s'employer ainsi dans une conversation banale.

-Et effectivement, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en arrivant ici, à Tara. A vrai dire, j'ai...

Elle hésita un instant, mais n'osa pas dévoiler la raison de sa présence à Tara. Elle avait encore trop honte, la plaie était trop douloureuse pour qu'elle puisse en parler impunément.

-Je suis tout simplement venue pour apprendre.

Elle savait que ce qu'elle disait n'avait aucun sens, mais elle ne trouva pas d'explication plus logique. De toute façon, elle était bien dans une académie... non?

Zéphyr essaya de la rassurer, mais, après avoir répondu, il se dit qu'elle ne comprendrait peut être pas et qu’elle allait tout trouer encore plus fou

Tu sais, il suffit que tu trouve la clé et tu pourras enfin utiliser l'air. Tu as raison, tu apprendras, c’est normal pour une académie d’enseigner, même si je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de cours. Pour l‘instant j’en ai jamais eut, donc soit pas pressée.

Il avança et fit avancer les valises avec lui, leur fit faire quelques tours, puis les reposa à terre. Il était très fier de lui, car il n’aurait pas réussit à contrôler aussi précisément les mouvements des valises avant. Il faisait des progrès et se demandait si ce n’était pas l’effet Tara, car beaucoup d’élus voyaient leur pouvoirs se développer dans ce lieu.

Elveus suivit Zéphyr, suivant de la tête les mouvements virevoltants des valises qui semblaient plus légères que l'air [comme quand il y a une mouche en cours de maths XD))]. Décidémnt, elle n'arriverait pas à se faire à cette magie.

-Une... clé? Comment ça? Et pourquoi il n'y a pas de cours ici?

Cet endroit lui paraissait étrange, plus que tout ce qu'elle avait vu jusque-là. Elle se dit qu'elle n'aurait sûrement pas dû venir, mais se reprit vite et se reprocha son pessimisme. Après tout, pourquoi ne pas donner une autre chance à cette académie?

Zéphyr sourit, et comme il avait la chance de tomber sur une fille qui n'avait pas l'air de connaitre beaucoup de choses, il allait un tout petit peu frimer. Il déploya alors majestueusement ses ailes, aussi gracieusement qu'il en était capable, c'est à dire qu'il fit tomber un vase qui trainait par là (quelle idée aussi de mettre des vases dans le hall) mais empêcha qu'il se brise en amortissant la chute avec un coussin d'air. Il ne put s'empêcher de s'enorgueuillir devant les grand yeux que faisaient Elveus: ça ne lui arrivait pas souvent qu'on soit ébahie devant lui

Tu vois mes ailes, ce sont mes ailes du coeur. J'ai appris à les ouvrir très vite car j'ai toujours eut une grande afinité avec l'air, et mes ailes se sont déployées rapidement. Tu peux demander à Zackt, l'élu suprême, de t'apprendre à ouvrir les tiennes. T'aimerais pas pouvoir voler?

En voyant le grand sourire d'enfant d'Elveus, il connaissait déjà la réponse.

Elveus crut d'abord à une quelconque supercherie en voyant apparaître les ailes de Zéphyr. Malheureusement elle ne trouva d'autre explication que celle de la vérité ; apparemment, il déployait véritablement les ailes qu'il avait dans le dos. Pourtant, elle ne se souvenait pas avoir vu d'ailes repliées dans son dos plus tôt? Encore un mystère qu'elle aurait du mal à résoudre...
Quand Zéphyr lui proposa de voler, elle ne put s'empêcher de sourire bêtement à l'idée d'accomplir ce rêve que chaque enfant a eu. Bien sûr, elle avait abandonné cette idée depuis qu'elle avait été en âge de compter deux par deux et de lacer ses chaussures, mais elle s'attendait maintenant à tout, après avoir vu des valise et des gens voler.

-Ce... C'est vrai? Je pourrais voler? Mais... je n'ai pas d'ailes, moi!

Elle fut déçue de cette constatation, se rappellant qu'elle n'avait pas d'ailes tous ces rêves de voler comme Peter Pan s'écroulèrent à nouveau.

Zéphyr, qui trouvait qu'Elveus était sur la bonne voie, insista en repliant ses ailes, puis lui montrnant son dos.

Mais si, tu en as. Regardes, elle sont repliés, on ne les voit plus. Il faut que tu apprennes à les ouvrir, c'est tout. Une voie que tu as le déclic, crois moi, tout s'enchaine. Bientôt, on organiseras des courses au dessus du lac, et tu feras partie des premières. Tu dois avoir confiance en toi et ne pas te plier aux volontés des autres.

Il s'arrêta, se disant que s'il voulait être son ami, il faudrait qu'il arrête de faire papy la morale. Il pris un air joyeux et l'entraina vers les escaliers, portant les valises à distance. Il montrait son dynamisme.

Allez, viens, je t'amènes aux dortoirs des filles. Une fois posées, tu pourras enfin découvrir Tara dans les moindres recoins. Faut pas être intimidés par les autres. Moi, j'étais nouveaux il y a pas longtemps du tout, et les autres aussi.

Elveus le suivit docilement, n'osant plus rien dire. Elle était emerveillée par ce qu'elle venait de voir, et se croyait autant dans un rêve que dans un monde féérique. Elle ne comprenait rien à rien...
Elle se contenta alors simplement de marcher derrière Zéphyr, admirant au passage les grands murs majestueux du gigantesque hall où ils se trouvaient.
Une chose qu'elle ne voulait pas accepter était qu'elle aussi avait des ailes. Elle n'en avait jamais eu et n'en aurait jamais, c'était décidé.